Ouverte en 1881 à l’altitude 323 m, cette mine à pris le nom de Prosper Verrière, membre du conseil d’administration de la Cie des 4 Mines. D’après Gilbert Crepel, cette mine à également été appelé mine Benjamin. Les travaux un temps suspendus avaient repris en 1889. La mine était aérée par un aérage naturel.
Le 18 janvier 1890, un mineur est blessé par brûlures suite à une flambée de grisou. Les lampes à feu nu étaient autorisées dans cette mine où la présence de grisou une pouvait être soupçonnée. La même année, 4 mineurs sont blessés à l’intérieur et seront en incapacité permanente, 1 trouvera la mort et 2 seront blessés et en incapacité permanente suite à des accidents à l’extérieur. La mine est finalement classée grisouteuse.
Abandonnée en 1895 en raison d’incendies (voir ci-dessous), la mine a été réouverte en 1907 puis fermée définitivement vers 1964. Pendant sa fermeture jusqu’en 1907, le filon amont fut exploité par la mine Coustières. La mine Verrière est située rive droite du ruisseau de Rigaussel.
La mine Verrière possédait une vieille locomotive. En juin 1944, parce qu’elle travaillait, malgré elle, pour l’Allemagne (le charbon était expédié vers l’Allemagne), quelques mineurs décidèrent de la mutiler avec une charge de plastic. Envoyée en réparation à Béziers, les ouvriers la sabotèrent une seconde fois.« »
Le carreau de Verrière
Sur le carreau de la mine Verrière existaient plusieurs bâtiments. D’après les témoignages et les documents retrouvés, il y avait une forge, une lampisterie, des bureaux pour les ingénieurs. Il reste à ce jour les ruines de 3 bâtiments construits à la suite. Celui du milieu montre sur un mur les traces d’un foyer (la forge ?).
D’après des témoignages, la lampisterie se trouvait au tout début de la plateforme et aurait maintenant totalement disparue. Elle possédait 3 petites ouvertures qui permettait aux mineurs de récupérer leurs lampes.
Photos des ruines qui se trouvent sur la même plateforme que l’entrée de la mine Verrière (Décembre 2023)
Clémentine de Sénégra, lampiste dans le secteur d’Alzou
Clémentine habitait Sénégra au début du XXe siècle, elle était lampiste dans les mines du secteur d’Alzou. Dans la lampisterie, le préposé à l’entretien et au rangement des lampes s’appelle le ou la lampiste. Avant la nationalisation, ce métier était quasiment féminin.
La lampisterie était la salle la plus importante pour le mineur. Elle avait deux fonctions : la première était de fournir au mineur une lampe en état de fonctionner et la deuxième de pointer la présence du mineur. La lampisterie était la dernière étape avant d’entrer dans la mine.
Le mineur récupérait sa lampe au guichet de la lampisterie en échange d’un jeton. Les jetons étaient différents en fonction des moments de la journée, rectangulaire, rond, hexagonal pour les différents postes de la journée (matin, après-midi, nuit). Chaque lampe était associée à un jeton sur lequel était gravé un numéro spécifique au mineur et qui correspondait à son numéro matricule dans l’entreprise. Le mineur avait donc toujours la même lampe.
Grâce à ce système on pouvait donc savoir que le mineur était dans la mine et dans quelle équipe il était. Si au changement d’équipe, un jeton de la même forme n’était pas sur le tableau, c’est qu’un mineur était manquant. Système particulièrement efficace en cas d’accident dans la mine.
Les premières lampes étaient à huile, puis à benzine et pour finir électriques. La lampisterie était séparée en deux lieux. Le premier était l’endroit de stockage des lampes et le second celui de l’entretien et de la recharge en benzine. L’espace muséographique « Les lumières de la mine » du Bousquet d’Orb présente une importante collection de lampes utilisées dans le bassin houiller de Graissessac-Bousquet, mais aussi de France et de l’étranger.
Dans les dernières années de l’exploitation minière, le mineur prenait lui-même sa lampe sur le banc de charge. Le lampiste était toujours chargé de l’entretien et surveillait la charge des lampes.
Les toisés de la mine Verrière
Les Archives Départementales de l’Hérault conservent une série de toisés de la mine Verrière des années 1913 à 1933. Ces toisés permettaient aux superviseurs de noter pour chaque mineur, le plan ou la couche de charbon dans laquelle ils travaillaient et le salaire de la quinzaine qui leurs était dus.
Casimir de Frangouille, mineur dans la mine Verrière
Casimir habitait Frangouille et a travaillé, dans les années 30, dans la mine Verrière.
Accidents dans la mine Verrière
Les feux de mines dans les galeries de Verrière
Extrait de l’ouvrage « Le haut pays minier » de Gilbert Crepel :
Les feux de mine pouvaient se déclarer dans des galeries à plan incliné à cause de l’échauffement important provoqué par les freins des treuils (qui comportaient des pièces en bois). Mais le risque le plus important au XIXe siècle dans le secteur des mines du bassin de Graissessac provenait de l’échauffement naturel et spontané de la houille, qu’elle soit à l’état de menus morceaux abandonnés après l’extraction ou en pleine masse, et qui en prenant feu pouvait provoquer l’embrasement général d’une mine. En effet, si une veine de houille est à portée de pyrites martiales, ou qu’elle en contient elle-même, il est possible que cette pyrite s’enflamme par contact de l’air qui circule dans les excavations et par l’humidité qui s’y trouve en suffisante quantité.
Le 18 janvier 1890, une flambée de grisou se produisit dans un montant d’aérage de la mine Verrière. Un ouvrier a été blessé par brûlures. Les lampes à feu nu étaient autorisées dans cette mine où la présence de grisou ne pouvait être encore soupçonnée.
En 1893, des échauffements sont constatés à l’est du plan Bastide N°1. En octobre 1893, un feu est rencontré à l’ouest du même plan dans une région ou le charbon est très pyriteux et fragmenté. Le quartier en feu a été fermé par des barrages fréquemment visités.
Le 11 mars 1895, un incendie de galerie longeant les barrages se déclenche et se propage rapidement, obligeant les exploitants à abandonner la mine.
Pendant cette période, les exploitants tentèrent à plusieurs reprises la réouverture de la mine Verrière sans y parvenir. Le feu se ranimant à chaque fois. Elle fut finalement réouverte en 1907 et l’exploitation sera dirigée pour passer en couche sous la partie en feu après avoir remblayé les vides des anciens dépilages qui, en raison de la solidité exceptionnelle du toit et de la faible charge des morts-terrains, ne s’étaient pas comblés. En géologie, le mort-terrain désigne une couche sédimentaire à percer avant d’atteindre le minerai. Le terme est notamment utilisé dans l’exploitation minière pour désigner un sol qui ne contient aucune matière utile.
A l’orifice de l’ancienne galerie maîtresse de la mine Félicie, qui servait de retour d’air à la mine Verrière, un feu s’est déclenché en octobre 1916. Il a eu pour origine un feu allumé par le propriétaire d’une châtaigneraie, technique employée à l’époque pour nettoyer le terrain avant la récolte de châtaignes. Ce feu a atteint les affleurements de charbon et s’est propagé à l’intérieur. Les barrages des galeries ont été faits avec des planches glaisées disposées en écailles de poisson, et complétés par des barrages en argile damée de 60cm d’épaisseur.
Un feu se déclare en 1942 dans la couche 1ière Verrière, considérée comme la plus sensible aux échauffements. La couche Félicie, très proche de la 1ière Verrière, est affectée dès 1942 et un peu plus tard dans les années 60 par des feux. La couche Zélia, faisant partie du même faisceau et dont les couches avaient des stampes (intervalle d’une veine à l’autre, dans une mine) très faibles, connaît également des échauffements. Ces parties du gisement sont de nos jours entièrement noyées.
Les feux de mine les plus important du bassin de Graissessac ont eu lieu semble t-il dans la galerie Verrière sur des charbons en place et ont été traités par isolement du massif en feu et par la méthode du muraillement et non par inondation volontaire comme cela pouvait aussi se faire dans d’autres région de France.
Grève dans la mine Verrière
Le conflit de 1894 qui oppose les mineurs à la direction va durer près de 4 mois de mai à septembre. Le conflit débute en mars 1894 lorsque les mineurs demandent la réintégration des ouvriers renvoyés car trop vieux et pas assez productif. Les mineurs durcissent ensuite le mouvement en demandant des hausses de salaires pour les différents corps de métiers, la suppression des amendes pour les charbons sales et la réduction du temps de travaille à 09h00 pour les ouvriers travaillant dans les mines de Verrière, Leenhardt et Cap-Nègre. Le 08 juin 1894, Jean Jaurès vient à Graissessac soutenir les mineurs puis intervient au parlement en leur faveur. La compagnie qui a licencié près de 300 mineurs dont la plupart des leaders syndicaux se montre inflexible. Malgré les tractations passé le 08 août, la résistance continue et comme en témoigne l’article de la Dépêche du 11 août 1894, les grévistes de la mine Verrière huent les « renégats » qui vont au travaille et les habitants de Frangouille soutiennent les grévistes. Au mépris des accords signés, et sans réelles concessions pour les mineurs, la compagnie reprendra progressivement la situation en main fin 1894.
Menace de chômage pour les mineurs de la mine Verrière
Dans l’article du journal de « l’Union républicaine du Tarn » du 27 mai 1895, les mineurs de la mine Verrière qui viennent de subir plusieurs de jours de chômage forcé suite à un incendie dans la mine, craignent que le mouvement de grève des ouvriers verriers du Bousquet d’Orb ne les obligent à ce retrouver une nouvelle fois au chômage (à la fin du XIXème siècle, les mines du secteur produisent essentiellement du charbon qui sert à alimenter la verrerie du Bousquet d’Orb). L’article mentionne que la mine Verrière serait la plus riche de la concession.
René, mineur et survivant d’une inondation dans la mine
René, habitant de Frangouille à travaillé 30 ans dans les mines du secteur entre 1930 et 1960 (donc possiblement dans la mine de Verrière qui a fermé en 1964. La mines de Leenhardt a fermé en 1931). Il a été la victime, et est un des rares survivants d’un grave accident qui a causé la mort de 7 mineurs. Alors que les mineurs travaillaient à la taille, la galerie s’est subitement retrouvée noyer. René s’est suspendu et est resté plusieurs heures avec de l’eau jusqu’aux épaules avant d’être secouru.
Le réseau ferroviaire rive droite
En 1897, débute la construction d’un chemin de fer extérieur entre les mines de Cap Nègre et de Verrière. Dans le rapport de l’ingénieur en chef d’août 1900, il est indiqué qu’une voie ferrée extérieure de 850 mètres relie la mine du Cap Nègre à celle de Verrière. Ce tracé en rive droite du Ruisseau de Rigaussels se prolonge jusqu’à la mine Coustières, ce qui en fait une liaison ininterrompue depuis le Bousquet.
Zoom de la carte d’état major « 4/232 Bédarieux Nord-Est révisée en 1901 » qui indique une mine à Alzou, la mine Verrière et une mine à Coustière.
Un tracé noir barré de petits traits noir semble indiquer une connexion ferroviaire entre Coustière, Verrière et Alzou via le viaduc d’Alzou.
Certaines sources semblent indiquer que, contrairement à certaines affirmations ou représentations schématiques, il n’y a jamais eu de voies ferrées minières sur la rive droite du ruisseau de Rigaussel, ni dans le vallon de Coustières. Les pentes trop fortes avec des différences d’altitude trop élevées, et le terrain ne montre aucune trace de ce qui aurait pu ressembler à des plateformes ferroviaires.
IRSP remarque divers éléments à usage ferroviaire visibles sur cette vue aérienne IGN 1948 :
1) le viaduc
2) les traces rectilignes, pouvant correspondre à des plans inclinés
3 ) un pont entre les mines Verrière et Leenhardt
IRSP mentionne le réseau tracé en bleu, partant d’Alzou jusqu’à Leehnardt, sur la rive gauche, avec son plan incliné. Ce réseau a bien existé. Le tracé en bleu rive droite partant d’Alzou à Verrière puis Coustière mentionné sur la carte Etat-Major 1901 n’est pas confirmé.
La passerelle entre Verrière et Leenardt
Une passerelle métallique enjambait le ruisseau de Rigaussel et permettait de relier le réseau de la mine de Verrière (rive droite) à celui de Leenhardt (rive gauche) et vraisemblablement le Bousquet d’Orb (Balayé) via le travers-banc de Castagnou, appelé galerie Balayé sur certains documents. La passerelle est faite d’une travée principale métallique enjambant le ruisseau de Rigaussel, précédée par une arche plein cintre en maçonnerie côté Leenhardt, qui franchissait le chemin (photo du droite) qui descendait à l’époque le long de la rive gauche du cours d’eau. Cette travée métallique a été démontée au moment de la fermeture des mines. Les culées restent cependant bien visibles.
De gauche à droite : Reste du départ du pont rive gauche. La culée rive droite. Restes de l’arche rive gauche.
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