L’histoire du four de Frangouille

A ce jour nous ne savons pas exactement de quand date la construction du four à pain de Frangouille. Le four actuel a probablement été construit dans la deuxième moitié du XIXe siècle à la place d’un four plus ancien qui se trouvait placé différemment dans l’impasse. Ci-dessous les éléments en notre possession. Nous continuons nos recherches …

Cadastres récents et four actuel

En zoomant sur la cadastre actuel, le four, parcelle 77 (plan de gauche), on distingue que l’arrondi du four est orienté Nord-Sud.

Idem pour le cadastres de 1965

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Cadastre napoléonien, un autre four ?

dev hameau cadastre frangouille 1826
Tous les plans castraux de cette pages sont issus des archives départementales de l’Hérault « Pierrevives »

En zoomant sur l’extrait du plan cadastral napoléonien de 1826, on peut apercevoir une construction (parcelle 539), avec une partie arrière arrondie, qui ressemble à un four à bois. La construction est orientée (+/-) Ouest-Est. Cette parcelle barre partiellement et perpendiculairement la ruelle.

Cadastre 1805, pas de four !

Sur le plan cadastral de 1805, qui se concentre principalement sur les parcelles agricoles et pas sur le bâti, dont le dessin pour la partie du bâti est beaucoup moins précis que sur le plan de 1826, il n’y a pas la parcelle 539 visible sur le plan de 1826.

La présence d’un four à Frangouille retrouvée dans le compoix de 1738

Wikipédia: Un compoix est, entre le XIVe et le XVIIIe siècle, une sorte de cadastre rudimentaire, avec description, arpentage et estimation de toutes les parcelles, dans les régions françaises de langue occitane. Les compoix matérialisent un bien en le situant par rapport aux biens des propriétaires voisins.

A la lecture du compoix de 1738, disponible sur le site Internet des Archives Départementale de l’Hérault, « Pierrevives », nous avons retrouvé dans les biens décrits de Mrs Jean Servier, Pierre Fiches, Jean Thomas et Jean Carques des informations qui confirment l’existence d’un four à bois dans le hameau de Frangouille.

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A la lecture des biens de M. Jean Servier, page 218, nous découvrons que ces biens sont matérialisés par rapport à un four, 2ème ligne du descriptif.
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Dans la description des biens de M. Pierre Fiches, page 231, ses biens sont décrits par rapport à un « four indivis » dans la 2ème ligne.
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Dans la liste des biens appartenant à M. Jean Thomas, page 221, il est fait mention d’un « pactus et fournerairal » (1ère ligne). Dans le recueil lexicographique de Don Pedro : Pactus : lieu clos par des murs. le mot « Fornairal » qui signifie « fournil » , très proche du mot « Fournairal » du compoix.
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Dans la description des biens de M. Jean Carquet, page 225, 1ère ligne, il est fait mention d’un « fournerairal et pactus ».

Les briques réfractaires nous racontent un morceau de l’histoire du four actuel

En déblayant les ruines de l’ancienne voûte, au début du chantier de restauration, nous avons découvert que la voûte était constituée à la base de pierre de grès rouge local (provenant de la carrière de St Xist ?) d’environ 25cm de hauteur, puis de briques d’argile d’environ 20 x 7 x 12 cm, que nous n’avons pas pu conserver car elles se sont désagrégées avec l’humidité et des briques « Philip » sur le sommet de la voûte.

Brique retrouvé lors du déblayage des ruines du four en 2021. Les briques étaient soient entières soient coupées, et laissent apparaître le nom du fabricant, « Philip ».

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En faisant des recherches sur internet, nous avons retrouvé des documents de l’entreprise « Ph.Philip » de Bollène dans le Vaucluse

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En zoomant la lettre à entête Ph. Philip, datée de 1896, on peut lire, en haut, au-dessus du blason, « Maison fondée et 1838 », puis plus bas, « produits réfractaires en tout genre » et « Bollène ». Sur le zoom du récépissé, également daté de 1896, on peut lire « Manufacture de produit réfractaires ».

Hypothèse

La découverte des briques « Philip » dans les ruines du four en 2021, permet de penser que le four actuel (parcelle 77) est une construction datant probablement de la seconde partie du XIXe (forcément après 1838). La voûte était constituée à sa base de pierres en grès rouge d’une hauteur d’environ 25 cm, issues probablement d’une carrière proche de Frangouille (il aurait existé une carrière de grès rouge autour de St Xist), puis de briques d’argile (environ 20 cm x 10 cm, épaisseur 5 cm) et enfin sur le sommet de la voûte de briques réfractaires « Philip ». Certaines briques « Philip » étaient complètes d’autres coupées en 2. Cette construction montre que les habitants ont construit cette voûte avec ce qu’ils avaient à disposition. Une personne a mentionné que les briques « Phillip » pourraient être un remploi de briques provenant de la verrerie du Bousquet d’Orb. La construction actuelle et donc bien plus récente que le four représenté sur la parcelle 539 du cadastre napoléonien de 1826 (si nous partons du principe que la parcelle 539 représente bien un four à bois) et de ce four et fournairal décrit dans le compoix de 1738. Malgré l’absence de four sur le plan cadastral de 1805 (peu précis sur la partie du bâti), il existait donc bien un four dans le hameau de Frangouille. Depuis quand ?

Quelques années avant la restauration du four, nous avons découvert des traces de pierres noircies sur la partie Est du mur extérieur de l’actuel fournil (proche de l’actuel réverbère). Il est possible d’imaginer que ces traces provenaient de l’ancien four (parcelle 539 du cadastre de 1826).

Le four figurant sur le plan de 1826, aurait donc été détruit (volontairement ou involontairement ?) et celui existant aujourd’hui construit au XIXe siècle sur le côté de l’impasse. De fait, ce nouvel emplacement a ainsi libéré le passage de l’impasse et a permis l’utilisation de charrettes et de véhicules, donnant accès aux parcelles pour la construction d’une nouvelle maison en bas de l’impasse. Sur le cadastre de 1826, la parcelle 79 n’existe pas encore. Le nouvel emplacement du four aurait ainsi facilité la construction d’un nouveau bâtiment (parcelle 79). Le bâtiment parcelle 78 en ruine a totalement disparu dans les années 80.

Les années 80

Le four à pain de Frangouille est répertorié dans la base de données du ministère de la culture. Parmi une série de photos de la commune de La Tour sur Orb, il y a 2 photos du four prises par André Signoles en 1985. Cliquez sur le logo du Ministère de la Culture pour accéder aux anciennes photos de la commune.

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L’histoire des fours à bois et du pain

L’histoire des fours à bois

L’histoire du pain

Description d’un four à bois par Ferdinand Fabre

Ferdinand Fabre décrit le four à bois de la commune des Aires (34600) d’une façon originale dans son livre « Barnabé » publié pour la première fois en 1875 :

« Le four communal des Aires est une vaste rotonde décréprie, ruinée. D’énormes verrues de mousse verte parsèment les vieilles murailles, et plus d’une giroflée a pris racine dans les crevasses où le vent a pu déposer un peu de terre dans le courant des années. Un perron , large assise de pierre à peine équarrie sur lequel on hissa en retrait ce monument rustique, troué ça et là comme le sarrau usé d’un paysan, fait saillie tout autour du four communal, et offre un siège naturel aux commères, qui y passent de longues heures à dégourdir leurs langues, tandis que cuisent les fougasses et le pain. De là partent les médisances, les disputes, les haines, tout ce qui agite, trouble, passionne le village, le fait rire ou le fait pleurer »