Le travers-Banc de Frangouille
A la hauteur du passage à niveau de Frangouille (proche de la RD 35), dans le secteur appelé « la barrière », se trouve l’entrée, murée, du travers-banc de Frangouille. Ce travers-banc a permis d’exploiter du charbon et puis a servi de galerie d’exhaure (ou d’écoulement) du Travers-Banc 250 (TB 250). L’entrée est visible depuis la route entre 2 propriétés.
Le creusement du travers-banc dit « TB 250 » fut la dernière et grande infrastructure souterraine réalisée dans la concession du Ruffas. Les travaux ont démarré à la fin de l’année 1946. Le TB 250 devait constituer l’artère principale de desserte des charbons, reliant les chantiers des divisions de Graissessac et du Bousquet d’Orb. Cet ouvrage devait initialement rejoindre le puits des Nières, situé rive droite du Clédou sur la concession de St Gervais, avec comme objectif la desserte de tous les chantiers d’exploration des différentes concessions, jusqu’au lavoir du carreau Debay au Bousquet d’Orb. Le creusement du TB 250, d’un développé de près de 6-7 kilomètres, démarré au Bousquet d’Orb, s’arrêta finalement au puits Durand (Camplong) situé sur la concession de Boussagues.
Une de ses branches appelées travers-Banc de Frangouille, rectiligne sur environ 2 km, assurait l’exhaure du « TB 250 » et débouche à la barrière de Frangouille.
Ci-dessus, 3 photos du plan de la galerie d’exhaure de Frangouille réalisé en janvier 1951 (disponible aux Archives Départementales de l’Hérault), sur lequel il a été ajouté au crayon les dates de progression du creusement de la galerie: à un peu plus de 1000 m en mars 1951, à 1500 m en juillet 1951 et à un peu plus de 1600 m en février 1952. A la verticale de la galerie, à un peu moins de 500 m de l’entrée, il existait une cheminée d’aérage et les premières couches de charbon on été trouvée, à environ 1550 m de l’entrée.
Ci-joint le schéma d’exhaure (exhaure: action d’évacuer les eaux d’infiltration de mines ou de carrières) des montagnes de Graissessac au Bousquet d’Orb, réalisé en décembre 1953 (disponible aux Archives Départementales de l’Hérault). On retrouve le tracé de l’exhaure de Frangouille (sortie à 242 ) et celui de l’exhaure de Coustière (sortie à 300 m)
Dans le bulletin trimestriel de la société d’histoire naturelle et des amis du musée d’Autun, paru le 01 janvier 2007, en page 48, il est indiqué que la Compagnie Française des Minerais d’Uranium avait relevé des anomalies radioactives dans le Travers-Banc de Frangouille. Par la suite, la COGEMA a exécuté, dans le versant Est de la butte du bouché, 4 sondages non carottés dans le but de délimiter la zone anomalique
Sur la carte IGN édition 1990 (à gauche) la galerie d’exhaure de la barrière est mentionnée. Sur l’édition 2000 (à droite), la mention a disparu.
Dans le rapport Géoderis des aléas liés à l’activité minière, d’avril 2015, il a été constaté que les eaux en sortie de la galerie restent de nette teinte orange (due aux hydroxydes de fer). Les résultats d’analyses faites sur ces émergences et issues des archives confirment que ces eaux minéralisées en sortie de réservoir minier sont partout avec des teneurs relativement significatives en fer, manganèse et sulfates ainsi qu’en arsenic (cas du Travers-banc de Frangouille dont la qualité des eaux est suivie par le DPSM13 – prévention et sécurité minière). Il a été mis en évidence la présence de pics ponctuels des teneurs en arsenic dans les eaux émergentes du Travers banc de Frangouille, dépassant épisodiquement les normes autorisées.
Aménagement du carreau de Frangouille
Le carreau de Frangouille était installé sur les parcelles qui se trouvent de part et d’autre de l’entrée de la galerie de la barrière (ou se trouve actuellement 2 maisons). Les wagonnets chargés de charbon ou de roche, sortaient de la galerie et progressaient grâce à des chaines actionné par des treuils. En sortant de la galerie ils étaient montés sur la plate-forme de culbutage grâce à une pente, puis étaient déchargés dans des camions, qui rejoignaient le lavoir du carreau Debay au Bousquet d’Orb. Dans les années 50-60, il pouvait y avoir entre 50 et 60 wagonnets alignés au bord de la route. L’atmosphère difficilement respirable et les mineurs qui suffoquent à l’intérieur de la galerie du travers-banc de Frangouille, obligent les responsables à installer un compresseur et des réservoirs d’air comprimé sur le carreau de Frangouille.
Dans le projet d’aménagement de mai 1947 le projet prévoit un bâtiment unique comprenant plusieurs pièces, il sera construit sur le gauche de l’entrée de la galerie avec: le transformateur, le local pour le compresseur B12 avec le réservoir d’air à l’extérieur, un magasin bureau, la forge atelier, le vestiaire pour les ouvriers.
En décembre 1947, il est prévu l’installation de douche dans le local initialement prévu pour accueillir le bureau et magasin
Gaston machineur puis machiniste au carreau de Frangouille
Gaston habitait Frangouille, il à commencé à travailler pour les mines du Bousquet d’Orb autour de 1926, il était « machineur »: Conducteur d’une machine d’extraction qui permet de faire descendre et remonter la cage entre « le fond » et le « jour ». Fin des année 40, Gaston rejoint le carreau de Frangouille. Il travaillera pour le creusement du travers-banc de Frangouille mais uniquement en soutien à l’extérieur. Il prépare avec rigueur les explosifs, « les croquettes » de dynamite qui seront utilisés dans les galeries pour faire céder la roche. En même temps, il supervise le bon fonctionnement du compresseur.
Le terril de Frangouille
En février 1948, la commune de La Tour sur Orb vend un terrain communal de 3,2 hectares aux Houillère des Cévennes. Après avoir négocié avec 2 propriétaires la création d’un chemin d’accès, les Houillères alimentent le terril avec les résidus miniers (produits charbonneux au milieu de déblais stériles), transportés par camions et dont le déversement se fait horizontalement sur la longueur. Ce terril est situé au dessus de la rue des orchidées. Situé en contexte périurbain plat, le gradin inférieur (schistes de lavoir revégétalisés) mis en place dans les années 1970 présente une hauteur importante (jusqu’à une quinzaine de mètre).
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