Les fraïsses, les charbonnières, le sentier du « Plo Montauris »et le chemin des mineurs

Les fraïsses

En se promenant autour de Frangouille et Alzou, il est fréquent de découvrir dans les bois les restes de murs et murettes en pierres sèches. En observant bien on découvre les anciennes terrasses qui témoignent d’un mode de vie révolu et de l’importante activité des paysans remaniant sans cesse les pentes pour développer leurs cultures. Ces terrasses, étaient appelées en occitan, fraïsses.

Pendant plusieurs siècles, l’installation de nouvelles cultures sur les pentes s’inscrivait dans le fonctionnement d’une économie de subsistance et d’auto-suffisance. Les produits étaient consommés localement.

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Terrasses abandonnées entre Frangouille et Alzou
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Escalier entre 2 terrasses en dessous d’Alzou
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Terrasses abandonnées entre Frangouille et Alzou

Les aménagements en terrasses, obligatoires quand les pentes du terrain dépassent 10 à 15%, permettent d’éviter le ruissellement qui emporte la terre et laisse la roche à nu. Elever des murettes en suivant les courbes de niveau permet de briser l’élan de l’eau et de lui donner le temps de pénétrer dans le sol et de conserver l’humidité pour la saison chaude.

Ces terrasses aménagées avec ces murs et murettes nous font prendre conscience de l’impressionnant travail incessant accumulé par ces paysans. Les familles réparaient, consolidaient et augmentaient sans cesse ces interminables ouvrages. Au bord des ruisseaux, ces terrasses irriguées par des béals pour acheminer l’eau, servaient de jardins et de potagers. En regardant la végétation qui a envahis ces espaces, il difficile aujourd’hui d’imaginer ces espaces dégagés et des jardins.

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Ancien béal au dessus du Mas Dissol

Aujourd’hui la plupart de ces terrasses sont abandonnées, les pierres des murs s’effondrent avec les pluies, le passage des animaux et des hommes et la pousse de la végétation. Sur les collines autour de Frangouille, les arbres et une abondante végétation ont remplacé les cultures. Le long du chemin de la mine (le long du ruisseau de Rigaussel), coté gauche ainsi que coté droit des jardins étaient cultivés avec une tanne creusée pour arroser les légumes 

Les charbonnières

Certaines de ces terrasses étaient appelées des « charbonnières ». Elles étaient le lieux où on exploitait le bois pour en faire du charbon. Pendant des siècles, le chêne-vert fut coupé et son bois utilisé pour la confection de charbon de bois. Les charbonniers le fabriquaient directement dans les forêts.

Pour ce faire, le charbonnier édifiait une savante meule de rondins au milieu d’une clairière défrichée, sur le bord de laquelle il avait construit une petite cabane en pierres sèches. Celle-ci s’ouvrait sur l’aire de charbonnage pour une meilleure surveillance. Tout son art résidait, en effet, à diriger la cuisson, aérant ou couvrant la meule : elle ne devait ni s’enflammer, ni se consumer trop vite pour obtenir un produit de qualité. Alors, le charbon sonnait clair. Il pouvait le livrer en sac avec sa mule ou son âne dans les villages et sur les marchés. Grâce à son fort pouvoir calorifique, il faisait merveille pour les braseros et la cuisine.

Le charbonnier de Sénégra

Dans les années 60, un Papé de Sénégra faisait du charbon de bois dans une des charbonnière de la montagne entre Frangouille et Sénégra. Il livrait des fagots de branches sèches au boulanger de La Tour (qui utilisait une four à bois pour cuire le pain) avec une charrette tirée par deux ânes. les enfants de Frangouille le surnommait « Le père Noêl de Sénégra ».

Le sentier du « Plo Montauris »

Le début du sentier qui part de la fontaine de Frangouille et va jusqu’au « Plo Montauris » était jalonné par des jardins. En parcourant le chemin, il est possible d’observer, les murettes qui matérialisaient les différentes parcelles des jardins. Après avoir traversé le ruisseau le sentier se divisait en deux.

Le long du sentier qui longe le ruisseau il est encore possible de voir une ancienne charbonnière sur laquelle on peur apercevoir des traces de brisures de charbon de bois. Se sentier continuait jusqu’à une châtaigneraie vers le bois de « Fialhomme », et se terminait aux « Abeyradouss » (les abymes).

L’autre sentier montait dans le bois. il était entretenu par les propriétaires des châtaigneraies jusqu’aux « Récass » (ruisseaux). Ce sentier montait presque jusqu’au sommet de la colline du « Plo Montauris » situé à 450 m d’altitude. Il est possible d’apercevoir dans le bois un câble qui permettait de faire descendre les fagots de bois de châtaigner.

Plus tard les Houillères des Cévennes, propriétaires des mines de charbon, ont tracé une piste qui passait à la cime de la montagne et qui permettait de transporter le charbon extrait de la mine « Découverte » de Cap Nègre.

Le chemin des mineurs

A la sortie de St-Xist en direction de Frangouille, sur la droite avant la dernière maison, débute un petit chemin qui longe les vignes et les champs, qui traverse les sous-bois et qui, après avoir traversé le ruisseau de Rigaussel, rejoint le chemin d’Alzou (aussi appelé chemin de la mine) au dessus du Mas Dissol.

Ce chemin étroit, appelé le chemin des mineurs, permettait aux mineurs en provenance de St Martin (Le Bousquet d’Orb), de Verreilhe, du Rufas, et de St Xist de rejoindre au plus court les mines de Coustière, Verrière et Leenhardt.

Ce chemin était aussi utilisé par les habitants et les enfants de Frangouille et du Mas Dissol pour rejoindre St-Xist et son école. Une épreuve pour certains enfants lorsqu’ils devaient traverser ce bois, seuls, dans le noir, les soirs d’hiver.

Au printemps 2024, nous l’avons ré ouvert.