XIXe et XXe siècles

Cartes et Cadastre de Frangouille au XIXe

Zoom d'un plan cadastral de 1805 sur papier jaunie avec Frangouille au centre. Les ruisseaux en verts, les habitations en rouge pale. Le chemin Bédarieux-Lodève surligné en rouge pale et jaune. Ecriture des texte stylisée avec des numéros de parcelle

Plan cadastral de l’an XIII du calendrier républicain (1804-1805) représentant le hameau de Frangouille (incluant le Mas Dissol) faisant partie de la commune de Camplong. Le Mas de l’église (de l’autre côté du trait rouge) se trouve à ce moment là sur la commune de Boussagues). En zoomant sur cette carte nous pouvons constater qu’il n’y a pas de four à pain représenté.

Zoom du plan cadastral de 1826 représentant les habitation de Frangouille sur papier jaunie avec 3 couleurs

Plans cadastraux napoléoniens réalisé en 1826. Frangouille, le Mas Dissol et le Mas de l’église font, à cette date, partie de la commune de Boussagues (qui deviendra plus tard la commune de La Tour sur Orb).

Plan de gauche:

  • il n’y a pas de pont en 1826, le ruisseau de Frangouille devait se franchir à gué.
  • Le four à pain (parcelle 539) semble barrer partiellement l’impasse. Ce four aurait donc été remplacé par celui qui existe aujourd’hui
  • La croix de Frangouille (entre le 10 et le 12 rue de la fontaine) existait en 1826

Plan de droite :

  • représentation des parcelles agricoles

D’après le « Nouveau dictionnaire complet, géographique, statistique et topographique de la France et de ses colonies » par Briand-de-Verze, le hameau de Frangouille compte 110 habitants en 1839.

Frangouille dans « Les Courbezon » de Ferdinand Fabre

Dans le roman « Les Courbezon » édité pour la première fois en 1862, Ferdinand Fabre décrit les hameaux de St Xist, Sanégra (Sénégra), du Mas-du-Saule (Mas Dissol) et de Frangouille et ses habitants ainsi :

« Ces 4 hameaux groupés à quelques centaines de pas l’un de l’autre ; sont sans contredit, de tous les villages des monts d’Orb, les plus favorisés par l’exposition. Assis à l’entrée de la plaine de Véreille, non loin de la rivière, en plein midi, ils apparaissent mystérieusement voilés, derrière une ceinture transparente d’amandiers, de mûriers, d’oliviers, de frênes. Le vin de St Xist et du Mas-du-Saule a de la réputation dans le pays ; on a souvent comparé le miel blanc de Sanégra à celui de Narbonne, et les cocons de Frangouille filent la soie la plus fine, la plus brillante. Ici la terre n’a pas les teintes noires, l’aspect humide et argileux des zones supérieures : elle est rougeâtre, dorée, friable, on la dirait cuite par le soleil.

Du reste le paysan de la haute vallée de l’Orb est merveilleusement intelligent : borné dans ses désirs, il se garde fort d’effriter son champ par des cultures trop répétées ; après la récolte, il le laisse se reposer, sans discontinuer de lui prodiguer ses soins. Il sait qu’il tient la poule aux œufs d’or, et, au lieu de l’immoler à son idiote cupidité, comme le grand benêt de la fable, il lui prépare une litière commode et la laisse pondre à loisir ».

Portrait de Ferdinand Fabre en noir et blanc, personnage dessinée de trois quart, visage de face avec le nom du peintre en haut à gauche de l'image
Portrait de Ferdinand Fabre par Jean-Paul Laurens, (1868)

Coupures de presse de la fin du XIXe et début du XXe

Photo d'un vieil article de journal. Texte de 22 lignes. Le mot Frangouille surligné en jaune
Le décès d’un chasseur autour de Frangouille dans l’article du Journal de Toulouse du 21 septembre 1874
Photo d'un vieil article de journal. Les mots "Frangouille" sont surlignés en jeune
En 1898, une histoire d’âne en provenance de Frangouille écrasé par un train dans l’article de l’Echo de l’arrondissement de Bar-sur-Aube du 02 janvier 1898
Photo d'un vieil article de journal. Le mot de Frangouille est surligné en jaune
Le décès de mineurs, dont des habitants de Frangouille, dans un accident de mines, dans l’article de l’Epoque du 17 juillet 1938
Photo d'un vieil article de journal de 11 ligne. Police ancienne
Une histoire de chasse dans l’article de l’Echo de Lodève du 24 décembre 1909
Logo de la BNF. BNF en gris sur fond blanc, Gallica couleurs inversées

1891, les habitants de Frangouille demandent à payer le charbon au prix d’extraction

Photo d'un texte manuscrit du registre communal. Environ 30 lignes. Ecriture stylisée et penchée à l'ancienne. Titre dans la marge à gauche
Photo d'un texte manuscrit du registre communal. Environ 14 lignes avec 8signatures en bas. Ecriture stylisée et penchée à l'ancienne. Le numéro 155 en biais en haut à droite

Le 10 mai 1891, le conseil municipal de La Tour sur Orb (délibération n° 159), sur la demande des habitants de Frangouille et considérant l’arrêté ministériel de 1806 imposant que le prix du charbon soit vendu aux habitants des communes sur lesquelles sont situées les mines à un tarif réduit, soit 0,46 centimes les 5 myriagrammes (50 kg), demande à la compagnie des 4 mines de respecter cette faveur qu’ils ont suspendue depuis décembre 1890.

Le conseil souligne que le charbon qui arrive au Bousquet d’Orb est extrait dans les mines de Cap Nègre, Verrière et Leenhardt, mines situées sur le territoire de Frangouille, Alzou et Sénégra et donc que les habitants des ces hameaux doivent bénéficier de la même faveur que celle accordée aux habitants du Bousquet d’Orb.

Le conseil municipal demande à Mr le préfet d’intervenir auprès des administrateurs de la Compagnie des 4 mines afin que les habitants de Frangouile, Alzou et Sénégra puissent bénéficier de la même faveur que celle dont bénéficient les habitants du Bousquet d’Orb.

Le 08 septembre 1891, suite au silence de la Compagnie des 4 mines, devant l’hiver qui approche, considérant que le charbon qui arrive au Bousquet d’Orb est extrait depuis 5 mines, dont 4 sont sur la commune de La Tour sur Orb, le conseil municipal envoie un nouveau courrier de réclamation à la Compagnie des 4 mines et demande à Mr le préfet d’agir auprès des administrateurs de la compagnies.

Photo d'un texte manuscrit du registre communal. Environ 11 lignes. Ecriture stylisée et penchée à l'ancienne. Titre dans la marge à gauche
Photo d'un texte manuscrit du registre communal. Environ 50 lignes. Ecriture stylisée et penchée à l'ancienne


La résistance en 39-45

Émile Berges dans son ouvrage « Quatre ans d’incertitude, la résistance dans la Haute Vallée de l’Orb » édité avec l’aide du Conseil Général de l’Hérault en 1995, relate une série d’événement dont un qui sera à l’origine de la naissance du maquis de Vernazoubre.

En 1943, un groupe de maquisards, réfractaires, anciens de la guerre d’Espagne, jeunes français menacés du Service du Travail Obligatoire (STO), rejoints en avril 1944 par des mineurs des mines du secteur du Bousquet, trouve refuge dans une ferme abandonnée près du hameau de Roqueredonde. En juin 44, les résistants montent une opération contre une colonne du Groupe Mobile de Réserve (GMR: unités de police organisées de façon paramilitaire, créées par le gouvernement de Vichy) venue pour démanteler leur repère. Déçue par une prudence jugée excessive de leur chef, qui ne donne pas l’ordre de tirer lors de l’embuscade à proximité de la Baraque de Bral, une partie du groupe fait sécession et se replie sur la rive droite de l’Orb près du hameau de Sénégra où une houillère désaffectée (anciennes mines d’Alzou) leur sert de refuge. Pour les maquisards, les mineurs ne craignent pas l’ennemi car ils sont maîtres du sous-sol. Eux seuls connaissent les secrets des galeries abandonnées. Le maquis peut ainsi disparaître sous la montagne et reparaître dans un autre massif.

La semaine suivante, au cours d’une reconnaissance, le groupe découvre la vallée et le ruisseau de Vernazoubre et s’installe dans les monts alentours. Ainsi naquit, en juin 1944, le maquis Franc Tireur et Partisans Français (F.T.P.F) de Vernazoubre.

Le nouveau camp ressemblait à une tour de Babel. Il y avait des volontaires de toutes origines, on y parlait français, espagnol, russe, yougoslave, polonais. Le bassin minier du secteur délégua au maquis un grand nombre de mineurs. Beaucoup de ces mineurs venaient de la mine de Verrière, forgés au combat par une solide tradition syndicale.

La mine de Verrière possédait une vieille locomotive. En 1944, parce qu’elle travaillait, malgré elle, pour l’Allemagne (le charbon extrait des mines du secteur de Frangouille était expédié vers l’Allemagne), quelques mineurs décidèrent de la mutiler avec une charge de plastic. Envoyée en réparation à Béziers, les ouvriers la sabotèrent une seconde fois.

La vie et le travail à Frangouille au XXe siècle

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Début du XXe siècle, Charles et Eugénie, couple de vigneron, habitant de Frangouille dans leur vignes, sur leurs terres de l’Usclade, au dessus de l’actuel rue des orchidées. Au loin on reconnait les Baumes et le massif de Montjoux.

aire de batage lunas

A la sortie du Mas Dissol, sur le chemin de la mine , en face de l’actuel station de pompage de Sénégra, derrière un gros chêne vert bordant le mur, était implantée une aire de battage avec un petit mas aujourd’hui en ruine jouxtant cette parcelle.  Actuellement, les ronces ont tout envahi.

Extrait de « Lunas au gré de l’alphabet », pages 5 & 6 – ISBN 978-2-917252-99-4 : De nombreuses aires existaient dans le village ou les hameaux. Ces surfaces planes, permettaient le battage ou dépiquage. Cette opération avait pour but de séparer le grain des épis. Les gerbes de céréales préparées à la moisson étaient réparties sur l’aire, épis disposés sur le sol, tiges de paille vers le haut. On coupait le lien de la gerbe qui s’étalait alors en cercle. Chevaux ou mules, attelés de front, les yeux souvent bandés d’une sorte de grand mouchoir, étaient guidés à la longe et au fouet par un conducteur de manière à ce que les animaux, en trottant, décrivent un cercle. Des aides, munis de fourches, repoussaient les épis non débarrassés de leurs grains sur le passage des sabots. Les bœufs, à l’allure trop lente, étaient rarement employés pour ce travail qui pouvait durer toute la journée. Des pauses, à intervalles réguliers, accordaient un petit temps de repos aux animaux fortement sollicités. Cette technique, essentiellement pratiquée dans le sud de la France, présentait l’inconvénient de récupérer une paille souillée de déjections animales.

Photo: d’Ernest Boulouys (début XXème siècle), au bord du ruisseau de Saint-Georges, Lunas

Frangouille dans les années 50-60

Il existait à Frangouille un terrain de pétanque avec un éclairage pour la nuit. Les joueurs étaient très motivés et certains soirs les parties étaient très acharnées et se prolongeaient parfois jusqu’à 1 h du matin. Proche de la placette (ou se trouve l’abribus) il existait aussi un terrain de boules lyonnaises. Les joueurs jouaient avec des boules en bronze qui n’étaient pas très nombreuses ainsi que des boules en bois cloutées !!!! Maintenant tous ces jeux ont été supprimés

Jusque dans les années 50, les habitants du hameau de Frangouille avaient pour coutume d’organiser la fête annuelle du hameau le jour de la chandeleur, le 02 février. Un témoin raconte qu’une année, un carrousel (manège) avait été installé sur la placette (près de l’actuel abribus). L’actuel « forge », à l’intersection du chemin d’alzou et de la rue de la fontaine, servait de salle de bal.

boules en bois clouées

Le chemin des mineurs

A la sortie de St-Xist débute un chemin qui rejoint la piste au dessus du Mas Dissol. Ce chemin appelé le chemin des mineurs permettait aux mineurs en provenance de St Martin (Le Bousquet d’Orb), de Verreilhe, du Rufas, et de St Xist de rejoindre les mines de Coustière, Verrière et Leenhardt sans devoir passer par Frangouille.

Au printemps 2024, nous l’avons réouvert l’ancien chemin des mineurs qui début à la sortie de St Xist et débouche au dessus du Mas Dissol

Zoom d'un plan cadastral de 1965 sur papier jaunie de Frangouille. Le ruisseau colorié en bleu, les habitations coloriées en jeune pale avec les numéros de parcelle. Une esquisse du plan se trouve en haut à gauche du dessin (visiblement gommée) Titre en haut, écriture stylisée

Plan cadastral de Frangouille de 1965.

Sur le plan de 1965 on devine:

  • Un pont a remplacé le gué.
  • Le nouveau four à pain est à la place que nous lui connaissons aujourd’hui.
  • La croix rue de la fontaine est mentionnée comme un calvaire.

Inventaire du Patrimoine de la Région Occitanie

En 2017, Morgane Visière a, pour le compte de la région Occitanie, effectué un inventaire du patrimoine ayant un intérêt particulier sur toute la commune de La Tour sur Orb. Elle a produit une série de fiches dont un minutieux travail a été fait sur le hameau de Frangouille (comprenant le hameau historique de Frangouille, celui du Mas Dissol et celui du Mas de l’église).

Logo de la région Occitanie. La croix occitane en jaune sur fond rouge. Le texte en blanc sur le fond rouge

Cliquez sur le logo pour accéder au site internet et au dossier concernant l’inventaire fait sur Frangouille