Les archives du Fond Thésan nous racontent un peu de l’histoire de Frangouille et de ces habitants au XVIIe siècle
Les 3 extraits ci-contre (1613, 1662, 1682) sont disponibles dans le livre « LE FONDS THESAN » aux archives du château de Léran (Ariège) de F. Pasquier et S. Olive édité par Loriol en 1913
Joseph-Gabriel de Thésan, abbé de Joncel au XVIIe siècle
Joseph-Gabriel de Thésan succéda à son oncle le 24 janvier 1645 comme abbé de Joncels et grand archidiacre de St Pons. Il était également conseiller au Parlement de Toulouse, baron de Boussagues et autres places. Avec lui, la vie renait au château de Brousson à Latour (La Tour sur Orb) qu’il habite à peu près constamment.
L’abbé de Joncel s’occupe d’organiser le service divin dans les églises qui dépendent de son abbaye et notamment dans les trois églises les plus proches de son château, dont celle de Frangouille.
Les Cahiers d’histoire et d’archéologie du 01 janvier 1936 (disponibles sur le site de la BNF Gallica) décrivent la présence de l’abée de Joncel à La Tour sur Orb.
Le Dr Jacques Brunel, dans le bulletin de la Société Archéologique scientifique et littéraire de Béziers du 01 janvier 1943 (extrait de l’ouvrage disponible sur le site de la BNF Gallica) décrit une affaire de prêtre absent dans l’église de Frangouille en avril 1683.
En mai 1686, une histoire de taxe dans cet extrait du bulletin de la Société Archéologique scientifique et littéraire de Béziers du 01 janvier 1943 du Dr J. Brunel (BNF GAllica)
L’enterrement de l’abbé de Joncel à Frangouille juin 1686
Jacques Brunel, dans le bulletin de la Société Archéologique scientifique et littéraire de Béziers du 01 janvier 1943, cite le vicaire de St Xist (dont dépendait l’église de Frangouille), qui témoigne des obsèques et de l’enterrement de Joseph-Gabriel de Thésan, abbé de Joncel. M. Blaquière décrit ensuite la découverte de sa tombe autour de 1928.
Le compoix de 1695
Un compoids, compois ou compoix est, entre le XIVᵉ et le XVIIIᵉ siècle, une sorte de cadastre rudimentaire, avec description, arpentage et estimation de toutes les parcelles, dans les régions françaises de langue occitane. Les plus anciens compoix sont citadins.
Première page de la rubrique décrivant les biens des hameaux de Frangouille, du Mas Dissol et du Mas de l’église. Disponible sur les archives départementales de l’Hérault
Informations trouvées dans le compoix de 1695, qui énumère les biens des propriétaires du hameau de Frangouille :
La description des biens de Frangouille commence à la page 313 et se termine à la page 349. Les pages sont comptés par 2, un numéro de page = un recto + un verso. La description regroupe toutes les propriétés de Frangouille, du Mas del sot (Mas Dissol) et du mas de l’église, plus, toutes les terres, bois, champs, prés etc., du secteur sous la rubrique « Frangouille ».
Sur l’ensemble de cette description, il est noté 15 maisons d’habitation et 21 propriétaires différents.
La description mentionne des hermes (terrains incultes ou improductifs), des olivetes (oliveraies), des vignes, des malhiols (jeunes vignes), des faratgeals (champs de fourrage), des jardins, des boias (bois), des champs, des cazals (petites constructions quelques fois sans toitures proches ou éloignées de la maison servant de remise), des chatagnettes ou chataignettes (châtaigneraies), des castanedes (terres plantées de châtaigniers), des près, des pailhers (greniers à paille), des pattus (basse cour, terrain réservé au menu bétail), des pinestières (bois de pins), des estables (étables).
Le Compoix de 1738
Première page de la rubrique décrivant les biens des hameaux de Frangouille, du Mas Dissol et du Mas de l’église. Disponible sur les archives départementales de l’Hérault
Les cartes du XVIIIe siècle mentionnant Frangouille
La parcelle AM 71 datée de 1732
Sur la pierre du linteau de la porte d’entrée de la maison cadastrée AM71 de Frangouille, figure la date de 1732 (chiffre de la dizaine partiellement effacé).
La vie rurale dans et autour de Frangouille sous la juridiction du baron de Boussagues
Extrait du livre du Dr J. Brunel (1938):
“Le château de Broussons” paru en 1936: Les habitations sont plutôt basses, rarement crépies, d’aspect pauvre et sévère. Les pièces sont peux nombreuses, une grande cuisine avec une vaste cheminée où la famille peut s’asseoir autour du foyer, une ou deux chambres contiguës à la cuisine, au dessus un galetas qui sert de chambre lorsque la famille devient nombreuse. Au dessous, l’écurie des brebis et dans un coin le logis de l’animal. A la veillée autour du grand feu qui flambe, le ménage s’éclaire avec une modeste “catel” où brûle un peu d’huile, les déchets de l’huile d’olive ou huile d’enfer fabriquée par les moulins du pays. Quelques fois des chandelles de suif. Le mobilier n’est guère plus luxueux, une armoire où l’on serre le linge, Un vieux bahut quelquefois finement sculpté, un pétrin qui sert aussi de huche à pain.
Au milieu de la cuisine une table de bois rouste et solide noircie par le temps, tant de générations s’y sont assises. Tout autour encadrant la table, des bancs. Aux poutres noircies par la fumée pendent les jambons et le lard. Au fond de la cuisine, souvent sous l’escalier ou l’échelle qui monte au galetas, une alcôve avec un lit, fermée par un rideau de serge.
Généralement les familles sont nombreuses . La peur de l’enfant ne sévit pas encore. Les tempéraments sont robustes, les meurs sont simples, les vêtements communs. Beaucoup vont en sabots souvent garnis de paille, les forts souliers de cuir sont gardés pour le dimanche ou les courses en ville à Bédarieux, à Clermont ou à Lodève Les bas sont tricotés avec de la laine de pays produite par le troupeau et filée au rouet dans la maison. Le linge est de bonne toile de pays, lin ou chanvre, les draps sont en toile de genêts du pays….Pour les vêtements la bonne laine du pays donnait un drap inusable tissé à Bédarieux, Clemront ou Lodève. Un costume ou une robe durait une partie de la vie…Les fraudes ou les malfaçons étaient plutôt rares à cette époque et la conscience et l’honnêteté monnaie courante.
La nourriture est simple et frugale. Sur la table, sauf peut-être aux jours d’invitation, ni nappe ni serviette. Assiettes, plats cuillers sont en bois ou en grossière terre cuite, en fer étamé pour les cuillères. Encore en terre cuite, la cruche d’eau, souvent posée sur la table ou à côté. Pour beaucoup, l’eau est la seule boisson. On récolte peu de vin et en beaucoup de famille il est réservé pour les jours de fête.
Le pain est bon et savoureux. Il est fait avec de la bonne farine sortie de nos moulins de Latour, Lunas et Joncels. Il est pétri dans la maison et cuit au four banal et cela toutes les quinzaines.
Rare les boucheries. Les animaux de basse-cour, la volaille, les œufs, le laitage, les légumes et végétaux, la bonne soupe surtout, forment la base principale de la nourriture,sans oublier la provision de porc salé, qui fut de tout temps la grande ressource des ménages de la campagne.
A l’automne la bonne châtaigne blanche et sucrée, en hiver les châtaignons qui furent toujours une richesse alimentaires de notre pays.
Pour les fêtes, les bonne crêpes, les fougaces, mais surtout la croustade avec la garniture de noix, d’amandes et de cassonade.
La langue parlée est surtout le patois. Dans la rédaction des actes, parfois le latin, le plus souvent le vieux français habillé de formes patoises.
Le travail commençait de grand matin pour se terminer au crépuscule. La vigne occupait peu de place, il se récoltait peu de vin, beaucoup moins que de nos jours, et telle propriété qui vend aujourd’hui des centaines ou milliers d’hectos, n’en récoltait alors que pour boire ou en vendait un petit nombre de “sestiers”. Aussi bien sur cette polyculture, le cadastre nous renseigne suffisamment
Quand Frangouille faisait partie de la commune de Camplong
Juste après la révolution française les hameaux de Frangouille, du Mas Dissol, faisaient partis de la commune de Camplong. A cette même époque, le Mas de l’église faisait partie de la commune de Boussagues. La limite entre la commune de Camplong et celle de Boussagues semble être le chemin historique qui descend de l’Aire Raymond et rejoint St-Xist par l’actuelle route départementale CD 35E22.
D’après la carte de la commune de Camplong “an XIV”, réalisé par Mrs Rouvelet et Bastide, géomètres, carte commencée le 12 brumaire an II (02/11/1793) et terminée le 02 vendémiaire an XIV (24/09/1805), soit pendant la 1ere république, le hameau de Frangouile, mais aussi les hameaux du Sot (Mas Dissol), Alzou, Sénégra et l’église de St-Xist étaient intégrés à la commune de Camplong. Carte retrouvée dans les archives départementales de l’Hérault,
Sur l’extrait de la carte ont distingue la limite de la commune de Camplong-Boussagues (trait rouge). Les hameaux de Frangouille, du Sot, de Sénégra, d’Alzou et de St xist sont bien intégrés sur la commune de Camplong
Idem sur une deuxième carte disponible sur le site des archives départementales de l’Hérault (sans date), les hameaux de Frangouille, du Sot, de Sénégra, d’Alzou et de St xist sont également intégrés sur la commune de Camplong
Sur une carte de 1826, disponible au archives départementale, on remarque que Frangouille, le Mas Dissol, Sénégra, Alzou ne font plus partie de la commune de Camplong et sont rattachés à la commune de Boussagues (depuis quand ?).